TRAUMAS COMPLEXES ET MONDE RELATIONNEL TRAUMATIQUE
L’un des principaux centres d’intérêt de la Thérapie du lien et des mondes relationnels est le traitement de ce que l’on appelle communément les traumatismes complexes. Pour rappel, le traumatisme complexe se caractérise par des expériences qui :
- sont interpersonnelles et impliquent souvent la trahison ;
- sont répétées ou prolongées ;
- impliquent un tort direct par différentes formes d’abus (psychologiques/ émotifs, physiques et sexuels), de négligence, d’abandon ou d’absence de protection de la part des donneurs de soin ;
- surviennent à des périodes vulnérables du développement de la vie, comme la petite enfance, ou qui ébranlent significativement les acquis développementaux à n’importe quel moment de la vie. Pour aider le patient à sortir d’un monde chaotique ou figé et pour qu’émergent des relations saines, nous pensons qu’il s’agit donc d’apprendre au patient à (re)devenir acteur et à construire une histoire de vie alternative en lien avec l’environnement et la communauté humaine.
Dans la Thérapie du lien et des mondes relationnels, nous allons partir de l’idée que l’effet thérapeutique est contenu dans les composantes mimétiques et interactionnelles de la relation humaine. Et nous postulons également que :
1. On ne peut travailler en thérapie qu’en passant par le corps, comme organisme vivant et en relation.
2. Il s’agit de travailler sur le processus de dé-victimisation. Et en travaillant sur ce processus, c’est la question du sens de la vie, de la dimension spirituelle de l’être humain qui va s’inviter.
3. On ne peut pas parler de traumas complexes sans aborder à un moment ou un autre la question du transgénérationnel. L’originalité de cette approche repose sur le fait que le vécu de souffrance de la personne se construit dans et à travers un monde traumatique. Le monde traumatique peut se définir par la manière dont nous habitons ces mondes relationnels.
C’est une sorte de paysage mental où notre relation à l’environnement, aux autres, à nos propres représentations et à soi sont en permanence en interaction. Dans le cas du monde relationnel traumatique, celui-ci est infiltré dans ces diverses relations par la méfiance, l’abus, la trahison, la maltraitance, la peur de l’abandon, l’insécurité corporelle, la fatalité, entre autres. Un monde relationnel traumatique, sous une forme imagée, peut se comprendre comme les murs d’une pièce, sans porte ni fenêtre, et dans laquelle la personne est enfermée. Le paradoxe étant qu’avec le temps la véritable peur, l’insécurité ressentie, porte non pas sur le fait de rester enfermé dans cette pièce mais d’en sortir.
ILLUSTRATION CLINIQUE
Afin de mieux saisir le travail thérapeutique en Thérapie du lien et des mondes relationnels, nous vous proposons d’illustrer nos propos à travers la retranscription d’une séance, dans le cadre d’une prise en charge d’une patiente présentant un trauma complexe. Il s’agit de Florence, 43 ans. A l’origine, Florence consulte un thérapeute car elle présente de multiples difficultés : dépression, manque de confiance en elle, instabilité dans les relations amoureuses, sentiment de vide quasi permanent. La patiente et le thérapeute travaillent ensemble depuis cinq mois au moment de cet entretien. Le niveau de confiance entre eux est bon.
- Thérapeute : « Bonjour Florence, je vous en prie, installez-vous.
- Patiente : Merci.
- Th. : Comment allez-vous ?
- P. : Ça va (elle grimace).
- Th. : Je ne sais pas pourquoi, mais là tout de suite, il y a une petite phrase qui trotte dans ma tête. Est
-ce que vous me permettez de la mettre au milieu dans l’espace entre nous deux ? (le thérapeute fait un geste en avançant sa main droite entre lui et la patiente pour matérialiser cet espace).
- P. : Oui.
- Th. : Cette phrase c’est une question, en fait. Je la prends et je la mets au milieu comme une image. La question est : dois-je aller sur ce “ça va ” ou bien dois-je aller en direction de cette bouche qui grimace ?
- P. : C’est une bonne question ça ! (rires).
- Th. : N’est-ce pas ! (rires)...
- Th. : Et comment ça réagit chez vous quand cette question est là comme une image ?
- P. : J’aime pas ça... (le visage se ferme).
- Th. : C’est quoi ce ça ?
- P. : Ça me rappelle des mauvais souvenirs et j’aime pas ça (larmes aux yeux).
- Th. : Vous me permettez de vous poser une question un peu curieuse ?
- P. : Oui.
- Th. : Ça vous rappelle des mauvais souvenirs et vous n’aimez pas ça ou bien les mauvais souvenirs sont là et quand ils sont là vous n’aimez pas ça ?
- P. : Oui, c’est ça...
- Th. : C’est ça quoi ?
- P. : Ils sont là et j’aime pas ça (larmes toujours présentes).
- Th. : Florence, c’est OK pour continuer ou bien vous avez besoin d’aide, là tout de suite ?
- P. : Non, ça va j’ai l’habitude, je gère...
- Th. :Très bien. Mais dites-moi Florence, c’est quoi le lien entre cette question, là posée au milieu, les mauvais souvenirs qui sont là et le “j’aime pas ça” ?
- P. : La bouche qui grimace.
- Th. : La bouche qui grimace...
- P. :Oui, c’est ça, la bouche qui grimace.
- Th. : Et elle peut être là avec nous cette bouche qui grimace ?
- P. : Oui (la voix chevrote)... mais c’est difficile...
- Th. : Comment ça réagit chez vous, là tout de suite, quand cette bouche est présente ?
- P. : Ça m’oppresse... je me sens mal...
- Th. :Quand vous dites “je me sens mal”, sur une échelle entre 10 et 0, 10 très très mal et 0 tout va bien, à combien êtes-vous ?
- P. : A 8 sur 10.
- Th. : Florence, est-ce que vous m’autorisez à vous proposer quelque chose pour vous aider ?
- P. : Oui, je veux bien (la patiente présente des sanglots, des larmes et a le souffle coupé).
- Th. : Est-ce que c’est acceptable pour vous de venir déposer votre main droite paume vers le haut dans la mienne ? (le thérapeute tend sa main à mi-parcours entre lui et la patiente).
- P. : Oui (elle dépose sa main dans celle du thérapeute).
- Th. : Et pendant qu’une partie de vous porte son attention sur le contact des mains, une autre porte son attention sur les mouvements de mes doigts (la patiente a déjà expérimenté l’utilisation des mouvements alternatifs oculaires ; elle suit avec ses yeux les doigts du thérapeute qui vont de droite à gauche et de gauche à droite).
- P. : Je souffle, c’est mieux !
- Th. : Très bien, continuez à suivre le mouvement avec vos yeux...
- Th. : C’est comment là ?
- P. : Ça va.
- Th. : Et le contact des mains ?
- P. : C’est bizarre. C’est comme si ma tête voulait vraiment que ma main se pose et en même temps elle ne se pose pas complètement...
- Th. : Continuez à suivre avec vos yeux le mouvement des doigts...
- Th. : Qu’est-ce qui vient, là ?
- P. : Je ne sais pas pourquoi... C’est comme si je n’avais pas le droit de poser ma main. Comme s’il y avait un danger à la poser... Je suis désolée, ce n’est pas contre vous... Je suis désolée...
- Th. : Je vais vous proposer encore quelque chose d’un peu curieux. C’est OK pour vous ?
- P. : Oui, oui.
- Th. : Observez, là maintenant, qui vient interdire à cette main de se déposer pleinement dans la mienne ?
- P. : C’est la bouche qui grimace.
- Th. : Et comment elle s’y prend cette bouche pour interdire ?
- P. : Elle sourit. Mais c’est un sourire qui fait peur. Comme le clown de Stephen King. C’est un sourire avec des dents d’acier... ensanglantées.
- Th. : Je vais mettre ma main entre nous comme un écran. Et sur cet écran, on va mettre le clown aux dents ensanglantées. Il est là ?
- P. : Oui, il est bien là !
- Th. : Quand ce clown est présent, comment il s’y prend pour interdire à cette main de se déposer dans la mienne ?
- P. : Je vois sa bouche bouger.
- Th. : OK. Portez votre attention sur cette bouche qui bouge, et en même temps suivez le mouvement de mes doigts (mouvements alternatifs oculaires)...
- Th. : Qu’est-ce qui vient, là maintenant, quoi que ce soit ?
- P. : C’est comme si elle voulait parler...
- Th. : Très bien. Entendez ce que cette bouche a à dire et en même temps suivez le mouvement de mes doigts...
- Th. : Qu’est-ce qui vient ?
- P. : C’est comme si mes oreilles entendaient mais comme un bruit sourd, inaudible presque...
- Th. : Florence, vous m’autorisez à partager avec vous ce qui vient chez moi ?
- P. : Oui, bien sûr.
- Th. : C’est un mot qui vient chez moi. Ce mot, je le prends et je le mets dans l’espace imaginaire entre nous (le thérapeute fait un mouvement avec sa main comme s’il sortait le mot de sa tête pour aller le mettre à l’extérieur). Ce mot c’est : trahison ! (Florence se met à pleurer.)
- P. : C’est exactement ça ! C’est comme si la bouche me disait : “tu me dois fidélité éternelle... si tu me trompes, tu me trahis !”.
- Th. : Comment ça réagit chez vous, Florence ?
- P. : J’ai du mal à respirer.
- Th. : C’est quoi son intention à cette bouche en vous disant : “tu me dois fidélité éternelle... si tu me trompes, tu me trahis !” ?
- P. : Si je trahis alors je suis impure, une traînée, quoi !
- Th. : Continuez à suivre le mouvement des doigts avec vos yeux. Qu’est-ce qui vient, là ?
- P. : C’est toute l’histoire de ma vie qui défile...
- Th. : Et quand c’est toute l’histoire de votre vie qui défile, c’est quoi la première chose qui vient là, devant nous ?
- P. : Mon père...
- Th. : Et quand votre père est là, il se passe quoi chez vous en retour ?
- P. : Mon père a abusé de moi quand j’étais enfant... C’est compliqué... Parce qu’en même temps il était gentil avec moi...
- Th. : Continuez à suivre mes doigts avec vos yeux...
- P. : C’est bizarre, je vois le visage de mon père qui sourit et en même temps c’est la bouche de ma mère... (la patiente est surprise).
- Th. : Continuez à suivre avec vos yeux... Qu’est-ce qui vient maintenant ?
- P. : C’est comme si c’était ma mère qui disait : “tu me dois fidélité... si tu me trompes, tu me trahis”.
- Th. : Vous pouvez entendre votre mère le dire ?
- P. : Oui, elle le dit. Mais je suis pas d’accord. Je suis plus d’accord ! Ma mère a toujours été au courant de ce que m’a fait mon père à moi et à ma soeur. Elle n’a jamais rien dit. Si j’avais parlé, mon père aurait quitté ma mère et elle se serait retrouvée seule à cause de moi.
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L’un des principaux centres d’intérêt de la Thérapie du lien et des mondes relationnels est le traitement de ce que l’on appelle communément les traumatismes complexes. Pour rappel, le traumatisme complexe se caractérise par des expériences qui :
- sont interpersonnelles et impliquent souvent la trahison ;
- sont répétées ou prolongées ;
- impliquent un tort direct par différentes formes d’abus (psychologiques/ émotifs, physiques et sexuels), de négligence, d’abandon ou d’absence de protection de la part des donneurs de soin ;
- surviennent à des périodes vulnérables du développement de la vie, comme la petite enfance, ou qui ébranlent significativement les acquis développementaux à n’importe quel moment de la vie. Pour aider le patient à sortir d’un monde chaotique ou figé et pour qu’émergent des relations saines, nous pensons qu’il s’agit donc d’apprendre au patient à (re)devenir acteur et à construire une histoire de vie alternative en lien avec l’environnement et la communauté humaine.
Dans la Thérapie du lien et des mondes relationnels, nous allons partir de l’idée que l’effet thérapeutique est contenu dans les composantes mimétiques et interactionnelles de la relation humaine. Et nous postulons également que :
1. On ne peut travailler en thérapie qu’en passant par le corps, comme organisme vivant et en relation.
2. Il s’agit de travailler sur le processus de dé-victimisation. Et en travaillant sur ce processus, c’est la question du sens de la vie, de la dimension spirituelle de l’être humain qui va s’inviter.
3. On ne peut pas parler de traumas complexes sans aborder à un moment ou un autre la question du transgénérationnel. L’originalité de cette approche repose sur le fait que le vécu de souffrance de la personne se construit dans et à travers un monde traumatique. Le monde traumatique peut se définir par la manière dont nous habitons ces mondes relationnels.
C’est une sorte de paysage mental où notre relation à l’environnement, aux autres, à nos propres représentations et à soi sont en permanence en interaction. Dans le cas du monde relationnel traumatique, celui-ci est infiltré dans ces diverses relations par la méfiance, l’abus, la trahison, la maltraitance, la peur de l’abandon, l’insécurité corporelle, la fatalité, entre autres. Un monde relationnel traumatique, sous une forme imagée, peut se comprendre comme les murs d’une pièce, sans porte ni fenêtre, et dans laquelle la personne est enfermée. Le paradoxe étant qu’avec le temps la véritable peur, l’insécurité ressentie, porte non pas sur le fait de rester enfermé dans cette pièce mais d’en sortir.
ILLUSTRATION CLINIQUE
Afin de mieux saisir le travail thérapeutique en Thérapie du lien et des mondes relationnels, nous vous proposons d’illustrer nos propos à travers la retranscription d’une séance, dans le cadre d’une prise en charge d’une patiente présentant un trauma complexe. Il s’agit de Florence, 43 ans. A l’origine, Florence consulte un thérapeute car elle présente de multiples difficultés : dépression, manque de confiance en elle, instabilité dans les relations amoureuses, sentiment de vide quasi permanent. La patiente et le thérapeute travaillent ensemble depuis cinq mois au moment de cet entretien. Le niveau de confiance entre eux est bon.
- Thérapeute : « Bonjour Florence, je vous en prie, installez-vous.
- Patiente : Merci.
- Th. : Comment allez-vous ?
- P. : Ça va (elle grimace).
- Th. : Je ne sais pas pourquoi, mais là tout de suite, il y a une petite phrase qui trotte dans ma tête. Est
-ce que vous me permettez de la mettre au milieu dans l’espace entre nous deux ? (le thérapeute fait un geste en avançant sa main droite entre lui et la patiente pour matérialiser cet espace).
- P. : Oui.
- Th. : Cette phrase c’est une question, en fait. Je la prends et je la mets au milieu comme une image. La question est : dois-je aller sur ce “ça va ” ou bien dois-je aller en direction de cette bouche qui grimace ?
- P. : C’est une bonne question ça ! (rires).
- Th. : N’est-ce pas ! (rires)...
- Th. : Et comment ça réagit chez vous quand cette question est là comme une image ?
- P. : J’aime pas ça... (le visage se ferme).
- Th. : C’est quoi ce ça ?
- P. : Ça me rappelle des mauvais souvenirs et j’aime pas ça (larmes aux yeux).
- Th. : Vous me permettez de vous poser une question un peu curieuse ?
- P. : Oui.
- Th. : Ça vous rappelle des mauvais souvenirs et vous n’aimez pas ça ou bien les mauvais souvenirs sont là et quand ils sont là vous n’aimez pas ça ?
- P. : Oui, c’est ça...
- Th. : C’est ça quoi ?
- P. : Ils sont là et j’aime pas ça (larmes toujours présentes).
- Th. : Florence, c’est OK pour continuer ou bien vous avez besoin d’aide, là tout de suite ?
- P. : Non, ça va j’ai l’habitude, je gère...
- Th. :Très bien. Mais dites-moi Florence, c’est quoi le lien entre cette question, là posée au milieu, les mauvais souvenirs qui sont là et le “j’aime pas ça” ?
- P. : La bouche qui grimace.
- Th. : La bouche qui grimace...
- P. :Oui, c’est ça, la bouche qui grimace.
- Th. : Et elle peut être là avec nous cette bouche qui grimace ?
- P. : Oui (la voix chevrote)... mais c’est difficile...
- Th. : Comment ça réagit chez vous, là tout de suite, quand cette bouche est présente ?
- P. : Ça m’oppresse... je me sens mal...
- Th. :Quand vous dites “je me sens mal”, sur une échelle entre 10 et 0, 10 très très mal et 0 tout va bien, à combien êtes-vous ?
- P. : A 8 sur 10.
- Th. : Florence, est-ce que vous m’autorisez à vous proposer quelque chose pour vous aider ?
- P. : Oui, je veux bien (la patiente présente des sanglots, des larmes et a le souffle coupé).
- Th. : Est-ce que c’est acceptable pour vous de venir déposer votre main droite paume vers le haut dans la mienne ? (le thérapeute tend sa main à mi-parcours entre lui et la patiente).
- P. : Oui (elle dépose sa main dans celle du thérapeute).
- Th. : Et pendant qu’une partie de vous porte son attention sur le contact des mains, une autre porte son attention sur les mouvements de mes doigts (la patiente a déjà expérimenté l’utilisation des mouvements alternatifs oculaires ; elle suit avec ses yeux les doigts du thérapeute qui vont de droite à gauche et de gauche à droite).
- P. : Je souffle, c’est mieux !
- Th. : Très bien, continuez à suivre le mouvement avec vos yeux...
- Th. : C’est comment là ?
- P. : Ça va.
- Th. : Et le contact des mains ?
- P. : C’est bizarre. C’est comme si ma tête voulait vraiment que ma main se pose et en même temps elle ne se pose pas complètement...
- Th. : Continuez à suivre avec vos yeux le mouvement des doigts...
- Th. : Qu’est-ce qui vient, là ?
- P. : Je ne sais pas pourquoi... C’est comme si je n’avais pas le droit de poser ma main. Comme s’il y avait un danger à la poser... Je suis désolée, ce n’est pas contre vous... Je suis désolée...
- Th. : Je vais vous proposer encore quelque chose d’un peu curieux. C’est OK pour vous ?
- P. : Oui, oui.
- Th. : Observez, là maintenant, qui vient interdire à cette main de se déposer pleinement dans la mienne ?
- P. : C’est la bouche qui grimace.
- Th. : Et comment elle s’y prend cette bouche pour interdire ?
- P. : Elle sourit. Mais c’est un sourire qui fait peur. Comme le clown de Stephen King. C’est un sourire avec des dents d’acier... ensanglantées.
- Th. : Je vais mettre ma main entre nous comme un écran. Et sur cet écran, on va mettre le clown aux dents ensanglantées. Il est là ?
- P. : Oui, il est bien là !
- Th. : Quand ce clown est présent, comment il s’y prend pour interdire à cette main de se déposer dans la mienne ?
- P. : Je vois sa bouche bouger.
- Th. : OK. Portez votre attention sur cette bouche qui bouge, et en même temps suivez le mouvement de mes doigts (mouvements alternatifs oculaires)...
- Th. : Qu’est-ce qui vient, là maintenant, quoi que ce soit ?
- P. : C’est comme si elle voulait parler...
- Th. : Très bien. Entendez ce que cette bouche a à dire et en même temps suivez le mouvement de mes doigts...
- Th. : Qu’est-ce qui vient ?
- P. : C’est comme si mes oreilles entendaient mais comme un bruit sourd, inaudible presque...
- Th. : Florence, vous m’autorisez à partager avec vous ce qui vient chez moi ?
- P. : Oui, bien sûr.
- Th. : C’est un mot qui vient chez moi. Ce mot, je le prends et je le mets dans l’espace imaginaire entre nous (le thérapeute fait un mouvement avec sa main comme s’il sortait le mot de sa tête pour aller le mettre à l’extérieur). Ce mot c’est : trahison ! (Florence se met à pleurer.)
- P. : C’est exactement ça ! C’est comme si la bouche me disait : “tu me dois fidélité éternelle... si tu me trompes, tu me trahis !”.
- Th. : Comment ça réagit chez vous, Florence ?
- P. : J’ai du mal à respirer.
- Th. : C’est quoi son intention à cette bouche en vous disant : “tu me dois fidélité éternelle... si tu me trompes, tu me trahis !” ?
- P. : Si je trahis alors je suis impure, une traînée, quoi !
- Th. : Continuez à suivre le mouvement des doigts avec vos yeux. Qu’est-ce qui vient, là ?
- P. : C’est toute l’histoire de ma vie qui défile...
- Th. : Et quand c’est toute l’histoire de votre vie qui défile, c’est quoi la première chose qui vient là, devant nous ?
- P. : Mon père...
- Th. : Et quand votre père est là, il se passe quoi chez vous en retour ?
- P. : Mon père a abusé de moi quand j’étais enfant... C’est compliqué... Parce qu’en même temps il était gentil avec moi...
- Th. : Continuez à suivre mes doigts avec vos yeux...
- P. : C’est bizarre, je vois le visage de mon père qui sourit et en même temps c’est la bouche de ma mère... (la patiente est surprise).
- Th. : Continuez à suivre avec vos yeux... Qu’est-ce qui vient maintenant ?
- P. : C’est comme si c’était ma mère qui disait : “tu me dois fidélité... si tu me trompes, tu me trahis”.
- Th. : Vous pouvez entendre votre mère le dire ?
- P. : Oui, elle le dit. Mais je suis pas d’accord. Je suis plus d’accord ! Ma mère a toujours été au courant de ce que m’a fait mon père à moi et à ma soeur. Elle n’a jamais rien dit. Si j’avais parlé, mon père aurait quitté ma mère et elle se serait retrouvée seule à cause de moi.
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STÉPHANE ROY
Psychologue, psychothérapeute, Docteur en psychologie. Formé à l’HTSMA à l’hypnose et aux thérapies brèves. Après avoir exercé pendant vingt ans en institution psychiatrique, il est désormais installé en cabinet libéral à Bourges. Il est également directeur-adjoint de l’Institut Mimethys à Nantes.
Pour lire la suite de la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°59
N°59 : novembre/décembre 2020/janvier 2021
Cinq scripts créatifs détaillés
- Edito : Julien Betbèze
- L’hypersuggestibilité. Au service de l’hyposuggestibilité. Dominique Megglé
- Script créatif détaillé : 20 minutes pour se libérer du tabac. Hypnose en médecine générale. Françoise Barthès
- Script créatif détaillé : Du trauma à la résilience. Par la thérapie du lien et des mondes relationnels. Stéphane Roy
- Script créatif détaillé : La sphère relationnelle. Travailler la distance en hypnose. Corinne Paillette
- Nicolas de Staël : Peindre et se dépeindre. Franck Salzmann
Espace douleur
- Editorial. Gérard Ostermann
- Script créatif détaillé : Travail en hypnose avec des mineurs immigrés. Stéphanie Delacour
- Script créatif détaillé : Hypnose et handicap. Du traumatisme à la créativité. Christelle Lecellier
Dossier : Les soins palliatifs
- Editorial : Francine Hirszowski
- Les TAC en soins palliatifs. Jean Becchio et Sylvain Pourchet
- Psychomotricité. Bouger… je le veux. Patrick Martin
- Les techniques hypnotiques à l’hôpital de Bourg-en-Bresse. Vianney Perrin
- Infirmière en Ehpad. Valérie Etchevers
Rubriques
- Quiproquo… « Prenez soin de vous, Docteur » Stefano Colombo et dessin de Muhuc
- Les champs du possible : Docteur, je tiens à vous dire que je fais le poireau… Adrian Chaboche
- Culture du monde : Jeux de guérison dans le sud de l’Iran. Sylvie Le Pelletier-Beaufond
- Les grands entretiens : Stephen R. Lankton. Gérard Fitoussi
- Livres en bouche
Cinq scripts créatifs détaillés
- Edito : Julien Betbèze
- L’hypersuggestibilité. Au service de l’hyposuggestibilité. Dominique Megglé
- Script créatif détaillé : 20 minutes pour se libérer du tabac. Hypnose en médecine générale. Françoise Barthès
- Script créatif détaillé : Du trauma à la résilience. Par la thérapie du lien et des mondes relationnels. Stéphane Roy
- Script créatif détaillé : La sphère relationnelle. Travailler la distance en hypnose. Corinne Paillette
- Nicolas de Staël : Peindre et se dépeindre. Franck Salzmann
Espace douleur
- Editorial. Gérard Ostermann
- Script créatif détaillé : Travail en hypnose avec des mineurs immigrés. Stéphanie Delacour
- Script créatif détaillé : Hypnose et handicap. Du traumatisme à la créativité. Christelle Lecellier
Dossier : Les soins palliatifs
- Editorial : Francine Hirszowski
- Les TAC en soins palliatifs. Jean Becchio et Sylvain Pourchet
- Psychomotricité. Bouger… je le veux. Patrick Martin
- Les techniques hypnotiques à l’hôpital de Bourg-en-Bresse. Vianney Perrin
- Infirmière en Ehpad. Valérie Etchevers
Rubriques
- Quiproquo… « Prenez soin de vous, Docteur » Stefano Colombo et dessin de Muhuc
- Les champs du possible : Docteur, je tiens à vous dire que je fais le poireau… Adrian Chaboche
- Culture du monde : Jeux de guérison dans le sud de l’Iran. Sylvie Le Pelletier-Beaufond
- Les grands entretiens : Stephen R. Lankton. Gérard Fitoussi
- Livres en bouche