Et c'est avec une grande tristesse, que nous apprenons la disparition de Bernard MAYER, avec qui j'étais en formation en IMO Intégration par les Mouvements Oculaires il y a plus de 20 ans déjà...
LES FONDEMENTS ANCIENS ET RÉCENTS DE LA PSYCHOTHÉRAPIE LIMBIQUE®
Jusqu’au XVIe siècle, de nombreux individus atteints de troubles dissociatifs exprimaient leurs symptômes à travers un prisme religieux (Van der Hart et al., 1996). A la fin du XIXe siècle, Jean-Martin Charcot (1825- 1893) élabore une classification des crises den somnambulisme (Charcot, 1887) observées chez des patients « hystériques » (dissociatifs) et Pierre Janet (1859-1947) poursuit ces travaux. Il montre que ces sujets possèdent plusieurs personnalités, dont au moins une inaccessible au langage : la personnalité subconsciente. Pierre Janet utilise une hypnose dédiée aux sujets traumatisés (Saillot, 2017) et publie ses résultats dans L’automatisme psychologique (Janet, 1889). Les mécanismes psychologiques mis en lumière par Pierre Janet inspirent directement l’introduction des troubles dissociatifs dans le DSM-III en 1980 (Saillot, 2018).
L’un des principaux apports de Pierre Janet réside dans son rapprochement entre des troubles en apparence organiques et un traumatisme (Janet, 1909) lié à de fortes émotions (Van der Hart, Friedman, 1989). C’est pourquoi il s’intéresse aux paralysies, contractures, douleurs, confirmant ainsi le lien entre le corps et l’esprit. Ces travaux font de Pierre Janet un précurseur de la Psychothérapie Limbique®, approche axée sur la régulation du système limbique pour réunifier la personnalité dissociée. Un précurseur des recherches sur les circuits sous-corticaux en relation avec le corps est le physiologiste Charles Sherrington (1857- 1952), ayant établi en 1919 la loi de l’inhibition réciproque, également connue sous le nom de « loi de Sherrington », selon laquelle l’excitation d’un muscle agoniste entraîne l’inhibition du muscle antagoniste.
La loi de Sherrington permet de mieux comprendre les processus d’inscription du traumatisme dans le corps, car les voies neurophysiologiques du stress et celles du bien-être sont antagonistes. Stephen Porges, neuroscientifique, est l’auteur de la théorie polyvagale des émotions (Porges, 2003) selon laquelle notre système nerveux autonome est composé de deux voies de régulation : la voie vagale dorsale maintient le stress et l’hypervigilance des états post-traumatiques, tandis que la voie vagale ventrale contribue à la sécurité et aux relations sociales.
Ainsi ces deux voies font écho aux voies antagonistes de Sherrington. En agissant sur ces voies neurovégétatives, la Psychothérapie Limbique® repose sur des modalités non verbales, offrant accès aux expériences traumatiques impossibles à exprimer par la parole (Mayer, 2017). Les travaux de Pierre Janet connaissent une mise à jour approfondie avec la théorie de la Dissociation structurelle de la personnalité (DSP), développée par Onno van der Hart et son équipe. Les auteurs de Le soi hanté (Van der Hart, Nijenhuis, Steele, 2010) démontrent qu’en réaction à un traumatisme, la personnalité se fragmente en plusieurs parties : la Partie apparemment normale (PAN) et la Partie émotionnelle (PE). La PAN gère les tâches quotidiennes, et la PE renferme le traumatisme, figée dans le passé et inaccessible au langage (Van der Hart, Dorahy, 2009). Ainsi la DSP est un dysfonctionnement résultant d’une dérégulation émotionnelle, donc d’un dysfonctionnement du système limbique.
DÉRÉGULATION NEUROPHYSIOLOGIQUE ET DISSOCIATION FONCTIONNELLE
Notre quotidien repose sur une étroite collaboration entre notre cerveau, notre système immunitaire et notre système endocrinien. Ces interactions sont essentielles pour nous adapter aux situations dangereuses et réagir aux changements de notre environnement. Les hormones sont libérées dans notre corps par l’hypophyse et l’hypothalamus, et leur régulation est assurée par le système limbique, qui interprète les émotions induites par le monde extérieur. Le fonctionnement cérébral est étroitement lié à l’activité du système limbique, qui joue un rôle de modulation sur les systèmes immunitaire et endocrinien.
En général, le cerveau ne libère que pendant quelques minutes l’adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Cependant, chez les individus traumatisés, cette sécrétion liée au stress peut se prolonger considérablement, provoquant une perturbation du système nerveux autonome. L’un des facteurs fréquents en est le trouble de l’attachement : en abordant directement la cause du problème, la Psychothérapie Limbique® cible le coeur de la problématique du patient et permet de rétablir l’unité de la personnalité dissociée sans suggestion ni protocole préétabli.
Le concept de Dissociation Fonctionnelle© introduit par Bernard Mayer (2022a) permet de mieux comprendre ces phénomènes en reliant la DSP et la psychasthénie de Pierre Janet. La Dissociation Fonctionnelle© se différencie de la dissociation structurelle par le fait que les parties dissociées de la personnalité maintiennent une conscience mutuelle, et sont en conflit. De plus, contrairement à la psychasthénie, considérée par Pierre Janet comme pratiquement incurable, la Dissociation Fonctionnelle© peut être traitée rapidement grâce à des outils dont le grand psychologue ne disposait pas. En effet, le diagnostic de dissociation dynamique s’accompagne d’un traitement, la Psychothérapie Limbique®, axé directement sur le système nerveux autonome. Dans cette optique, les stimulations corporelles thérapeutiques (TICE®) permettent d’identifier les Parties émotionnelles (PE) qui perturbent le patient et d’initier un dialogue entre elles, favorisant l’intégration de la personnalité.
C’est à ce stade que la fenêtre de tolérance est importante pour la régulation des voies sympathiques et parasympathiques afin de rééquilibrer les voies vagale dorsale et vagale ventrale. Ce travail exige un accordage à deux niveaux afin de permettre au thérapeute de se connecter au patient, sur les plans neurophysiologique et relationnel. La Psychothérapie Limbique® ouvre un accès direct aux voies vagales dorsale et ventrale : en libérant les ressources entravées par le traumatisme, elle active la voie vagale ventrale, favorisant ainsi la guérison. C’est pourquoi la pratique de la pleine conscience représente un atout pour le thérapeute, qui accompagne le patient à travers son corps et sa neurophysiologie, étape par étape. Durant cette période thérapeutique, des interventions somatiques spécifiques sont mobilisées.
HISTOIRE DE BÉATRICE
Un cas clinique récemment traité correspond particulièrement bien à cet aspect. Béatrice est une femme de 45 ans présente au Bataclan (Paris) lors des attentats de 2015. Elle vient consulter pour une souffrance psychologique incessante ainsi que des douleurs chroniques. Lors du premier entretien, je découvre que cette patiente illustre un cas de re-traumatisation, car son enfance a été chaotique et elle présentait un terrain de troubles de l’attachement avant les attentats. Pour ce traitement par la Psychothérapie Limbique® il convient de prendre en compte dès le début la posture de la patiente et le moindre de ses mouvements spontanés, de sorte de travailler d’emblée à la limite de sa fenêtre de tolérance, dans le but de l’élargir rapidement. Les peurs et les souffrances de Béatrice la mettent littéralement en mode « survie » et la désorganisent totalement. Ces ressentis et son comportement sont dysfonctionnels sur le plan neurophysiologique, et la psychoéducation aidera la patiente à mieux comprendre ce qui se joue en elle-même. Le travail consiste donc à passer de la dérégulation à la régulation, et pour ce faire notre cible est le système nerveux autonome, dans le cadre de la théorie polyvagale de Stephen Porges : ainsi, nous suivons la physiologie et rien que la physiologie. Couplée à des interventions corporelles spécifiques, l’approche consiste à laisser venir les images, les souvenirs et les sensations, les croyances... de la patiente par des va-et-vient alternativement bas-haut (« bottom-up ») et haut-bas (« top-down »). Cette co-régulation s’imprime somatiquement et permet d’atteindre un état très important : la pleine conscience. La pleine conscience est une étape majeure de la thérapie, déjà identifiée par Pierre Janet sous le terme de « présentification » ou de « réalisation ».
Lors de cette séance, j’aide Béatrice à reconnaître et à accepter maintenant ce qui est arrivé autrefois afin de rendre explicite ce qui était implicite. Notre échange est le suivant (extraits) :
- Béatrice : « Je sais que c’est arrivé il y a quelques années, mais j’ai toujours le sentiment que je suis en danger et que je vais mourir ».
- Thérapeute : Oui, c’est pour ça que je vais vous demander de dire, à voix haute, une ou deux phrases même si vous ne les pensez pas, pendant que je ferai des stimulations manuelles sur certains points du corps qui seront peut-être douloureuses comme je vous l’ai expliqué initialement. Dites à voix haute : “même avec cette partie de moi qui a peur de mourir, j’ai le droit d’exister maintenant” ; “je m’aime et je m’accepte pleinement, même avec cette partie de moi qui a peur de changer”. Je lui demande ensuite : que notez-vous maintenant comme pensées, images ou sensations corporelles ?
- Béatrice : C’est étrange, mon esprit est calme, maintenant. Je n’ai pas l’habitude, car j’ai toujours été sur le qui-vive et en insécurité car ma mère voulait me tuer en me noyant dans une bassine lorsque j’avais 8 ans.
- Th. : Oui, en effet, mais maintenant vous êtes vivante... » Ce travail transforme la neuroception en perception. Les résultats ne se font pas attendre : « Je ressens comme une joie qui cherche son chemin à travers moi... mes muscles sont également détendus, mes douleurs se sont estompées. » Quelques séances auront suffi à soulager durablement Béatrice et à lui permettre de faire ce que Pierre Janet appelait déjà « l’acte de triomphe », c’est-à-dire le dépassement de tous les blocages accumulés depuis des années et l’achèvement pleinement réussi de toutes ses actions entravées par la souffrance et la peur.
CADRE THÉRAPEUTIQUE ET PRINCIPES D’INTERVENTION DE LA PSYCHOTHÉRAPIE LIMBIQUE®
Dans les années 1950 est publié un article important : « Vers une théorie de la dissociation » (Bateson & al., 1956). Il émerge ici le concept de double contrainte (« double bind »). Selon les auteurs, la dissociation serait due à l’exposition à des messages contradictoires imposant une situation paradoxale sans solution possible. Ainsi, avec Gregory Bateson, la dissociation devient la conséquence d’un double lien. Malgré tout, ces auteurs n’ont identifié qu’un double lien, là où la pratique clinique démontre qu’il se tisse souvent des triples, des quadruples liens, et même des liens de tous ordres : les PE sont souvent nombreuses. C’est pourquoi la Dissociation Fonctionnelle© est plus générale que la double contrainte : elle inclut la triple contrainte, la quadruple contrainte et, finalement, la « n-uple » contrainte (Mayer, 2022b). La Psychothérapie Limbique® utilise cette approche clinique : elle vise à intervenir sur toutes les parties dissociées en accédant directement à la source de la souffrance, c’est-à-dire le système nerveux autonome. Contrairement aux thérapies verbales, la Psychothérapie Limbique® ne repose pas sur...
Pour lire la suite...
LES FONDEMENTS ANCIENS ET RÉCENTS DE LA PSYCHOTHÉRAPIE LIMBIQUE®
Jusqu’au XVIe siècle, de nombreux individus atteints de troubles dissociatifs exprimaient leurs symptômes à travers un prisme religieux (Van der Hart et al., 1996). A la fin du XIXe siècle, Jean-Martin Charcot (1825- 1893) élabore une classification des crises den somnambulisme (Charcot, 1887) observées chez des patients « hystériques » (dissociatifs) et Pierre Janet (1859-1947) poursuit ces travaux. Il montre que ces sujets possèdent plusieurs personnalités, dont au moins une inaccessible au langage : la personnalité subconsciente. Pierre Janet utilise une hypnose dédiée aux sujets traumatisés (Saillot, 2017) et publie ses résultats dans L’automatisme psychologique (Janet, 1889). Les mécanismes psychologiques mis en lumière par Pierre Janet inspirent directement l’introduction des troubles dissociatifs dans le DSM-III en 1980 (Saillot, 2018).
L’un des principaux apports de Pierre Janet réside dans son rapprochement entre des troubles en apparence organiques et un traumatisme (Janet, 1909) lié à de fortes émotions (Van der Hart, Friedman, 1989). C’est pourquoi il s’intéresse aux paralysies, contractures, douleurs, confirmant ainsi le lien entre le corps et l’esprit. Ces travaux font de Pierre Janet un précurseur de la Psychothérapie Limbique®, approche axée sur la régulation du système limbique pour réunifier la personnalité dissociée. Un précurseur des recherches sur les circuits sous-corticaux en relation avec le corps est le physiologiste Charles Sherrington (1857- 1952), ayant établi en 1919 la loi de l’inhibition réciproque, également connue sous le nom de « loi de Sherrington », selon laquelle l’excitation d’un muscle agoniste entraîne l’inhibition du muscle antagoniste.
La loi de Sherrington permet de mieux comprendre les processus d’inscription du traumatisme dans le corps, car les voies neurophysiologiques du stress et celles du bien-être sont antagonistes. Stephen Porges, neuroscientifique, est l’auteur de la théorie polyvagale des émotions (Porges, 2003) selon laquelle notre système nerveux autonome est composé de deux voies de régulation : la voie vagale dorsale maintient le stress et l’hypervigilance des états post-traumatiques, tandis que la voie vagale ventrale contribue à la sécurité et aux relations sociales.
Ainsi ces deux voies font écho aux voies antagonistes de Sherrington. En agissant sur ces voies neurovégétatives, la Psychothérapie Limbique® repose sur des modalités non verbales, offrant accès aux expériences traumatiques impossibles à exprimer par la parole (Mayer, 2017). Les travaux de Pierre Janet connaissent une mise à jour approfondie avec la théorie de la Dissociation structurelle de la personnalité (DSP), développée par Onno van der Hart et son équipe. Les auteurs de Le soi hanté (Van der Hart, Nijenhuis, Steele, 2010) démontrent qu’en réaction à un traumatisme, la personnalité se fragmente en plusieurs parties : la Partie apparemment normale (PAN) et la Partie émotionnelle (PE). La PAN gère les tâches quotidiennes, et la PE renferme le traumatisme, figée dans le passé et inaccessible au langage (Van der Hart, Dorahy, 2009). Ainsi la DSP est un dysfonctionnement résultant d’une dérégulation émotionnelle, donc d’un dysfonctionnement du système limbique.
DÉRÉGULATION NEUROPHYSIOLOGIQUE ET DISSOCIATION FONCTIONNELLE
Notre quotidien repose sur une étroite collaboration entre notre cerveau, notre système immunitaire et notre système endocrinien. Ces interactions sont essentielles pour nous adapter aux situations dangereuses et réagir aux changements de notre environnement. Les hormones sont libérées dans notre corps par l’hypophyse et l’hypothalamus, et leur régulation est assurée par le système limbique, qui interprète les émotions induites par le monde extérieur. Le fonctionnement cérébral est étroitement lié à l’activité du système limbique, qui joue un rôle de modulation sur les systèmes immunitaire et endocrinien.
En général, le cerveau ne libère que pendant quelques minutes l’adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Cependant, chez les individus traumatisés, cette sécrétion liée au stress peut se prolonger considérablement, provoquant une perturbation du système nerveux autonome. L’un des facteurs fréquents en est le trouble de l’attachement : en abordant directement la cause du problème, la Psychothérapie Limbique® cible le coeur de la problématique du patient et permet de rétablir l’unité de la personnalité dissociée sans suggestion ni protocole préétabli.
Le concept de Dissociation Fonctionnelle© introduit par Bernard Mayer (2022a) permet de mieux comprendre ces phénomènes en reliant la DSP et la psychasthénie de Pierre Janet. La Dissociation Fonctionnelle© se différencie de la dissociation structurelle par le fait que les parties dissociées de la personnalité maintiennent une conscience mutuelle, et sont en conflit. De plus, contrairement à la psychasthénie, considérée par Pierre Janet comme pratiquement incurable, la Dissociation Fonctionnelle© peut être traitée rapidement grâce à des outils dont le grand psychologue ne disposait pas. En effet, le diagnostic de dissociation dynamique s’accompagne d’un traitement, la Psychothérapie Limbique®, axé directement sur le système nerveux autonome. Dans cette optique, les stimulations corporelles thérapeutiques (TICE®) permettent d’identifier les Parties émotionnelles (PE) qui perturbent le patient et d’initier un dialogue entre elles, favorisant l’intégration de la personnalité.
C’est à ce stade que la fenêtre de tolérance est importante pour la régulation des voies sympathiques et parasympathiques afin de rééquilibrer les voies vagale dorsale et vagale ventrale. Ce travail exige un accordage à deux niveaux afin de permettre au thérapeute de se connecter au patient, sur les plans neurophysiologique et relationnel. La Psychothérapie Limbique® ouvre un accès direct aux voies vagales dorsale et ventrale : en libérant les ressources entravées par le traumatisme, elle active la voie vagale ventrale, favorisant ainsi la guérison. C’est pourquoi la pratique de la pleine conscience représente un atout pour le thérapeute, qui accompagne le patient à travers son corps et sa neurophysiologie, étape par étape. Durant cette période thérapeutique, des interventions somatiques spécifiques sont mobilisées.
HISTOIRE DE BÉATRICE
Un cas clinique récemment traité correspond particulièrement bien à cet aspect. Béatrice est une femme de 45 ans présente au Bataclan (Paris) lors des attentats de 2015. Elle vient consulter pour une souffrance psychologique incessante ainsi que des douleurs chroniques. Lors du premier entretien, je découvre que cette patiente illustre un cas de re-traumatisation, car son enfance a été chaotique et elle présentait un terrain de troubles de l’attachement avant les attentats. Pour ce traitement par la Psychothérapie Limbique® il convient de prendre en compte dès le début la posture de la patiente et le moindre de ses mouvements spontanés, de sorte de travailler d’emblée à la limite de sa fenêtre de tolérance, dans le but de l’élargir rapidement. Les peurs et les souffrances de Béatrice la mettent littéralement en mode « survie » et la désorganisent totalement. Ces ressentis et son comportement sont dysfonctionnels sur le plan neurophysiologique, et la psychoéducation aidera la patiente à mieux comprendre ce qui se joue en elle-même. Le travail consiste donc à passer de la dérégulation à la régulation, et pour ce faire notre cible est le système nerveux autonome, dans le cadre de la théorie polyvagale de Stephen Porges : ainsi, nous suivons la physiologie et rien que la physiologie. Couplée à des interventions corporelles spécifiques, l’approche consiste à laisser venir les images, les souvenirs et les sensations, les croyances... de la patiente par des va-et-vient alternativement bas-haut (« bottom-up ») et haut-bas (« top-down »). Cette co-régulation s’imprime somatiquement et permet d’atteindre un état très important : la pleine conscience. La pleine conscience est une étape majeure de la thérapie, déjà identifiée par Pierre Janet sous le terme de « présentification » ou de « réalisation ».
Lors de cette séance, j’aide Béatrice à reconnaître et à accepter maintenant ce qui est arrivé autrefois afin de rendre explicite ce qui était implicite. Notre échange est le suivant (extraits) :
- Béatrice : « Je sais que c’est arrivé il y a quelques années, mais j’ai toujours le sentiment que je suis en danger et que je vais mourir ».
- Thérapeute : Oui, c’est pour ça que je vais vous demander de dire, à voix haute, une ou deux phrases même si vous ne les pensez pas, pendant que je ferai des stimulations manuelles sur certains points du corps qui seront peut-être douloureuses comme je vous l’ai expliqué initialement. Dites à voix haute : “même avec cette partie de moi qui a peur de mourir, j’ai le droit d’exister maintenant” ; “je m’aime et je m’accepte pleinement, même avec cette partie de moi qui a peur de changer”. Je lui demande ensuite : que notez-vous maintenant comme pensées, images ou sensations corporelles ?
- Béatrice : C’est étrange, mon esprit est calme, maintenant. Je n’ai pas l’habitude, car j’ai toujours été sur le qui-vive et en insécurité car ma mère voulait me tuer en me noyant dans une bassine lorsque j’avais 8 ans.
- Th. : Oui, en effet, mais maintenant vous êtes vivante... » Ce travail transforme la neuroception en perception. Les résultats ne se font pas attendre : « Je ressens comme une joie qui cherche son chemin à travers moi... mes muscles sont également détendus, mes douleurs se sont estompées. » Quelques séances auront suffi à soulager durablement Béatrice et à lui permettre de faire ce que Pierre Janet appelait déjà « l’acte de triomphe », c’est-à-dire le dépassement de tous les blocages accumulés depuis des années et l’achèvement pleinement réussi de toutes ses actions entravées par la souffrance et la peur.
CADRE THÉRAPEUTIQUE ET PRINCIPES D’INTERVENTION DE LA PSYCHOTHÉRAPIE LIMBIQUE®
Dans les années 1950 est publié un article important : « Vers une théorie de la dissociation » (Bateson & al., 1956). Il émerge ici le concept de double contrainte (« double bind »). Selon les auteurs, la dissociation serait due à l’exposition à des messages contradictoires imposant une situation paradoxale sans solution possible. Ainsi, avec Gregory Bateson, la dissociation devient la conséquence d’un double lien. Malgré tout, ces auteurs n’ont identifié qu’un double lien, là où la pratique clinique démontre qu’il se tisse souvent des triples, des quadruples liens, et même des liens de tous ordres : les PE sont souvent nombreuses. C’est pourquoi la Dissociation Fonctionnelle© est plus générale que la double contrainte : elle inclut la triple contrainte, la quadruple contrainte et, finalement, la « n-uple » contrainte (Mayer, 2022b). La Psychothérapie Limbique® utilise cette approche clinique : elle vise à intervenir sur toutes les parties dissociées en accédant directement à la source de la souffrance, c’est-à-dire le système nerveux autonome. Contrairement aux thérapies verbales, la Psychothérapie Limbique® ne repose pas sur...
Pour lire la suite...
Président cofondateur de l’IETSP (Institut européen de thérapies somato-psychiques). Cofondateur de l’AFPJ (Association française Pierre Janet).
Formateur & Superviseur certifié en BRAINSPOTTING (Dr David Grand) New York USA 2014
DU Stress et Psycho Traumatisme
Ancien Secrétaire de la Société Française d’Hypnose (SFH).
Praticien certifié EMDR-Europe, ancien membre du CA la Société Française d’EMDR.
Formateur & Superviseur certifié en BRAINSPOTTING (Dr David Grand) New York USA 2014
DU Stress et Psycho Traumatisme
Ancien Secrétaire de la Société Française d’Hypnose (SFH).
Praticien certifié EMDR-Europe, ancien membre du CA la Société Française d’EMDR.
N°73 : Mai / Juin / Juillet 2024
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.