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Palo Alto, le traumatisme et la PTR.



Mieux comprendre le SSPT (ou PSTD Syndrome de Stress Post-Traumatique) grâce aux tentatives de solution.
Pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.


Palo Alto, le traumatisme et la PTR.
J’ai eu la chance de passer une année entière (1983-1984) au Mental Research Institute de Palo Alto avec « les trois grands » : John Weakland, Paul Watzlawick et Richard Fisch, et de m’imprégner de la rigueur et de la précision de leur modèle de travail grâce à leurs enseignements. J’ai profité de ce séjour pour me former aussi à l’hypnose ericksonienne auprès de différents formateurs et praticiens dans la région de San Francisco et en Arizona.

Peu après, en 1985, j’ai rencontré Madame Kay Thompson, amie de Milton Erickson et collaboratrice de celui-ci durant trente ans. (Elle reçut de lui en plus de son enseignement la direction de l’« American Journal of Clini- cal Hypnosis ».) Cette rencontre bouleversera ma pratique de l’hypnose.
Kay Thompson m’apprit comment travailler avec un patient qui est en hypnose et est in- vité à parler, réagir et travailler activement sur son système nerveux autonome...

Jusque- là, fidèle aux enseignements de la Milton H. Erickson Foundation, j’avais appris à débiter des métaphores aux suggestions indirectes à un patient muet et inactif. Pour la première fois avec Kay Thompson, je pus expérimenter une hypnose conversationnelle au sens premier du terme, durant laquelle un échange verbal permanent avait lieu, où elle m’invitait à agir sur mon système nerveux autonome, mes émotions et sensations corporelles. Depuis cette époque, je considère cette manière de faire comme un prérequis indispensable pour effectuer un travail protecteur, particulièrement sur des souffrances énormes comme celles rencontrées dans les traumas.

Si dès ses débuts ma pratique de l’hypnose s’associait déjà avec bonheur à la thérapie brève, lorsqu’il était question de soigner des patients atteints de Syndrome de stress post-traumatique (SSPT), j’étais franchement démuni. Avec l’arrivée de l’EMDR, ma pratique a nettement progressé et l’affinement des traitements des SSPT m’a passionné. Au fil du temps, lors de cas sévères traités par l’EMDR, j’ai observé que parfois de trop grandes explosions émotionnelles avaient lieu, que certains des aspects du traitement n’avaient pas abouti et, plus grave encore, que des déplacements psychosomatiques avaient lieu. C’était en tant que « protections »... mais cela je ne le comprenais pas encore.

Le développement de ce qui allait devenir la Psychothérapie du trauma réassociative (PTR) (2) découle de la mise en parallèle de la notion de « tentative de solution », concept central pour Palo Alto, et des phénomènes hypnotiques dissociatifs involontaires créés qui apparaissent lors du choc traumatique. Ceux-ci sont à la base de la formation du Syndrome de stress post-traumatique.

PHÉNOMÈNES HYPNOTIQUES ET TRAUMA.
Une bonne solution (souvent incomprise)... qui vire au cauchemar !

Lors d’incidents traumatiques, des phénomènes hypnotiques dissociatifs s’abattent subitement sur la personne pour la protéger en lui permettant une mise à distance émotionnelle. C’est pourquoi en PTR nous parlons alors de protections dissociatives. La victime sera éventuellement pétrifiée (catalepsie), anesthésiée (« je n’ai rien senti »), dissociée (« j’étais comme collée au plafond... »), dépersonnalisée (« ... et me regardais en bas, comme si j’étais quelqu’un d’autre... »), et « je n’avais aucun sentiment (anesthésie émotionnelle), quand il a sorti une arme, je me suis sentie comme morte ». « J’ai oublié tout cela jusqu’à il y a quelques années (amnésie), et j’ai développé une polyarthrite rhumatoïde » (psychosomatique (3) qui transforme les émotions, la terreur par exemple, en douleur physique), etc.

Dans la suite de la vie du patient, les phénomènes sont là en permanence à bas bruit et dès qu’une stimulation interne ou externe réactive le trauma, toutes les protections dissociatives se réveillent. Elles s’intensifient. Tout ce qui était protection à l’origine est souvent vécu par le patient comme autant de symptômes invalidants, intempestifs et incontrôlables. L’inconscient continue de tenter de le protéger... mais avec une artillerie lourde qui n’a maintenant plus raison d’être. Par exemple, la personne abusée dans son enfance peut subitement se retrouver anesthésiée physiquement, sortir de son corps et se regarder d’en haut comme si elle était quelqu’un d’autre, et éventuellement n’avoir aucune émotion.

De même, pour le thérapeute qui ne serait pas initié à la PTR, l’apparition de ces phénomènes hypnotiques – que nous avons appelés protections dissociatives (recadrage ou réalité ?) pour en souligner la fonction positive – peut apparaître comme un frein, une résistance : la personne ne ressent rien ou ne se rappelle pas, elle plonge dans le mutisme ou... On peut alors parler ici de tentatives de solution – au sens de Palo Alto – hypnotiques, donc ici involontaires et inconscientes.

Si, comme suggéré par Milton H. Erickson, on s’associe, on intensifie ce qui apparaît comme une résistance... il n’y a plus de résistance ! C’est ce que nous faisons en PTR, paradoxalement et contre-intuitivement, en demandant au patient d’augmenter (dans un premier temps) ces phénomènes hypnotiques dissociatifs, souvent inquiétants, voire effrayants, pour qu’il se rende maître de ce qu’il subissait jusque-là...
Ce premier « cadeau » (la maîtrise) est suivi d’un deuxième : les phénomènes hypnotiques une fois augmentés volontairement retrouvent vite leur fonction originelle protectrice.

Le deuxième « cadeau » (l’anesthésie) :

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Gérald Brassine

Psychothérapeute, formateur en hypnose et thérapie brève. Fon-dateur de l’Institut Milton H. Erickson de Belgique (1984) et de celui du Nord de la France.
Formations décisives auprès de P. Watzlawick, J. Weakland, R. Fisch, N. Cummings et Kay Thompson. Créateur de l’Hypnose conversationnelle stratégique-PTR. Auteur de : Faut-il parler de ça aux enfants ? Prévenir, détecter et gérer les abus sexuels subis par les enfants ; La vengeance du Jaguar ; Pour une intervention écologique dans le cadre de l’inceste ; Viols et agressions sexuelles avec usage de stupéfiants.

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N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv.  2025

Les interactions pour favoriser un changement

Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :

Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.

. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.

. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.

. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.

Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.

. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.

. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.

. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.

. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.

Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal

Laurent GROSS
Hypnothérapeute, Formateur en EMDR - IMO à Paris, Marseille, Annecy, Bordeaux, Suisse (Genève,... En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le 23 Avril 2025 à 16:46 | Lu 23 fois




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